dimanche 12 août 2012

Dictature, Liberté et Révolution



   Le 23 Juillet 2012 je suis allé au village natal de mon père pour la deuxième fois. Un petit village qui s’appelle Jemna et qui est situé à quelques kilomètres de la ville de Gbelli. La première fois que j’y suis allé était avant la révolution ou plus correctement avant cette succession d’événements qu’on appelle révolution,  il y a 6 ans si je me rappelle bien.
      Les personnes qui vivent à Jemna n’ont guère besoin d’une révolution. Ils n’en ont jamais eu besoin. En 2006, j’avais fui ce village. Je me plaignais de la dictature de mon père qui m’emmenait vivre quelque part ou il  n’y avait ni télévisons, ni internet, ni boite de nuit, ni mini-jupes. Je n’avais pas remarqué qu’il n’y avait pas de policiers à chaque rue, il n’y avait pas de personnes qui se plaignaient du chaumage, il n’y avait pas de viols, il n’y avait personne qui avait envi de se mettre le feu. Les gens vivent de leurs terres, ou de petits commerces familials et ceux qui quittent le village pour aller travailler ailleurs dans des entreprises ou comme fonctionnaires dans d’autres gouvernorats finissent par y retourner car ils y sont tranquilles.
     En 2012, je suis rentré à Jemna de mon plein gré pour fuir une révolution et une liberté qui ont intoxiqué l’air de Tunis avec l’odeur des ordures qui ne sont pas ramassés, et quand je dis ordures je pense que ça vaut aussi pour quelques personnes qui se disent révolutionnaires   mais n’ont rien à faire avec la révolution. Ici les rues sont propres. Ici il n’y a pas de Niqab, je n’en ai pas vu au moins. Il n’y a  pas de filles qui se baladent moitié nues aussi. J’ai vu des femmes qui sont respecté, qui travaillent qui ont leurs place dans la communauté. Je n’ai pas vu de gens qui commercialisent leur religion.  A Jemna  je n’ai pas vu de gouvernement ni de gens qui se battent pour en faire partie. Je n’ai vu ni des gens de gauche ni de droite, ni des islamistes ni des fran-maçons.
     Entre 2006 et 2012 je n’ai remarqué aucun changement dans le mode de vie à Jemna à part les climatiseurs qui maintenant sont installé dans la plupart des maisons du village. A Jemna il n y a jamais eu de panneaux publicitaire, il n y a jamais eu de portraits de Ben Ali avec son air de « je suis votre père », il n y a jamais eu de banderoles de Ennahdha. A Jemna les gens sont libre ;  ils se gouvernent eux-mêmes. A Jemna je  n’ai pas vu de dictature sauf celle de mon père qui est une dictature naturelle et légitime. A jemna les gens sont libres. 

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