Le 23 Juillet 2012
je suis allé au village natal de mon père pour la deuxième fois. Un petit
village qui s’appelle Jemna et qui est situé à quelques kilomètres de la ville
de Gbelli. La première fois que j’y suis allé était avant la révolution ou plus
correctement avant cette succession d’événements qu’on appelle révolution, il y a 6 ans si je me rappelle bien.
Les personnes
qui vivent à Jemna n’ont guère besoin d’une révolution. Ils n’en ont jamais eu
besoin. En 2006, j’avais fui ce village. Je me plaignais de la dictature de mon
père qui m’emmenait vivre quelque part ou il
n’y avait ni télévisons, ni internet, ni boite de nuit, ni mini-jupes.
Je n’avais pas remarqué qu’il n’y avait pas de policiers à chaque rue, il n’y
avait pas de personnes qui se plaignaient du chaumage, il n’y avait pas de
viols, il n’y avait personne qui avait envi de se mettre le feu. Les gens
vivent de leurs terres, ou de petits commerces familials et ceux qui quittent
le village pour aller travailler ailleurs dans des entreprises ou comme
fonctionnaires dans d’autres gouvernorats finissent par y retourner car ils y
sont tranquilles.
En 2012, je suis
rentré à Jemna de mon plein gré pour fuir une révolution et une liberté qui ont
intoxiqué l’air de Tunis avec l’odeur des ordures qui ne sont pas ramassés, et
quand je dis ordures je pense que ça vaut aussi pour quelques personnes qui se
disent révolutionnaires mais n’ont rien à faire avec la révolution. Ici
les rues sont propres. Ici il n’y a pas de Niqab, je n’en ai pas vu au moins.
Il n’y a pas de filles qui se baladent
moitié nues aussi. J’ai vu des femmes qui sont respecté, qui travaillent qui
ont leurs place dans la communauté. Je n’ai pas vu de gens qui commercialisent
leur religion. A Jemna je n’ai pas vu de gouvernement ni de gens qui
se battent pour en faire partie. Je n’ai vu ni des gens de gauche ni de droite,
ni des islamistes ni des fran-maçons.
Entre 2006 et
2012 je n’ai remarqué aucun changement dans le mode de vie à Jemna à part les
climatiseurs qui maintenant sont installé dans la plupart des maisons du
village. A Jemna il n y a jamais eu de panneaux publicitaire, il n y a jamais
eu de portraits de Ben Ali avec son air de « je suis votre père », il
n y a jamais eu de banderoles de Ennahdha. A Jemna les gens sont
libre ; ils se gouvernent
eux-mêmes. A Jemna je n’ai pas vu de
dictature sauf celle de mon père qui est une dictature naturelle et légitime. A
jemna les gens sont libres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire